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A chacun le sien © Paramecio - Kite/Passepartout |
Fondée par Lorenzo
Bruni Pirani, Zak Baldisserotto, Giambattista et Moccolo, Paramecio est une
entreprise jeune et dynamique basée à Ferrara, en Italie. Elle a un rapport
privilégié avec la maison d’édition Kite/Passepartout*. Nous rencontrons
aujourd’hui Lorenzo Bruni Pirani pour parler de ce studio de développement
d’applications et de la réalité contemporaine du marché.
Quand Paramecio studio est-il nait ?
En 2011, j’ai
décidé d’unir les compétences acquises dans les domaines du graphisme et de la
programmation web avec mes passions, c’est-à-dire la musique, l’animation et
l’illustration. Depuis que je suis enfant, j’aime la magie de l’animation, le
souffle vital qu’un trait de crayon, un peu de sable ou de la pâte à modeler
peuvent véhiculer. Quand finalement je termine un travail et je le vois vivre
dans les mains d’un enfant, j’oublie les heures passées devant l’écran, les
yeux qui deviennent rouges et les crises de nerfs pour une ligne de code qui ne
veut pas obéir.
Paramecio : pourquoi avez-vous choisi ce
nom ?
La paramécie est
un organisme unicellulaire et pourtant très complexe. Je l’ai découvert pendant
les leçons de biologie au lycée. Je l’ai trouvé très sympa et je lui ai dédié
une chanson ! Quand j’ai décidé de me lancer dans cette nouvelle aventure,
le nom « Paramécie » est sorti un peu comme une blague. Après, avec
les autres membres de mon équipe, on s’est dit : pourquoi pas ? Au
final, nous sommes une petite structure avec une grande capacité d’adaptation
et avec les compétences nécessaires pour nager dans l’océan des applications.
Très certainement, au moment de la création de la société, si on avait demandé
à un expert de marketing, il nous aurait déconseillé de choisir « Paramécie » !
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Rouge comme l'amour © Paramecio - Kite/Passepartout |
Pourriez-vous nous décrire le panorama national et
international des applications ?
Le premier mot
qui me vient à l’esprit est : une jungle sauvage. La facilité avec
laquelle on peut créer et distribuer ce type de produits explique que l’on peut
trouver des choses très différentes les unes des autres. Des milliers de titres
de très mauvaise qualité côtoient des perles d’intelligence et créativité.
Quelle est la différence entre une application et
un ebook ?
Le terme
« app » a été inventé par Steve Jobs pendant une de ses
présentations. Concrètement, l’app ou application est un programme qui
développe des fonctions sur un dispositif (téléphone, tablette, ordinateur).
Par contre, un ebook est un livre dans un format digitale qui nécessite d’un
support spécifique pour être lu.
Comment peut-on développer une application ?
Des quelles compétences a-t-on besoin ?
Comme pour le
cinéma ou la construction immobilière, par exemple, le temps de réalisation
peut être très long. Il faut d’abord vérifier qu’il n’y ait pas d’autres
applications similaires sur le marché. Après, il faut bien définir sa finalité,
ses futurs usagers et ses contenus. C’est à partir de là qu’on évalue les professionnels
dont on aura besoin pour les créer : des écrivains, des musiciens, des
illustrateurs… Et à la fin, tout passe dans les mains des programmateurs pour
qu’ils puissent traduire l’idée en code et la développer pour les différents
supports. Bien évidemment, le budget compte énormément. Il est très courant
qu’une seule personne s’occupe de plusieurs aspects.
Quels sont les coûts ?
Ils peuvent
osciller entre quelques centaines et quelques dizaines de milliers d’euros.
Comme tout bien de consommation, le prix est déterminé par des facteurs
différents : la qualité du produit ou bien la réputation de la marque.
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Je peux le faire © Paramecio - Kite/Passepartout |
Quels sont les modèles économiques ? Le bilan
entre dépenses et recettes est-il toujours positif ?
C’est la vraie
question, celle que les éditeurs se posent aujourd’hui ; savoir si cela
vaut le coup d’investir dans un nouveau secteur alors que le marché est en
crise. D’un autre coté, les créatifs et les programmateurs sont fascinés par le
mirage d’un nouvel espace de développement et d’enrichissement. Pour l’instant,
à part quelques statistiques qui montrent un marché dynamique aux Etats-Unis et
une croissance en Europe, la seule considération valable c’est que le nombre de
personnes qui ont une tablette continue à augmenter. En plus, produire des
applications est relativement moins cher que produire des livres. Il faudrait
vraiment que les éditeurs et les développeurs d’applications réfléchissent aux
nouvelles formes de synergies qui peuvent être mises en place, plutôt que de se
concentrer sur la recherche du meilleur prix.
Comment imaginez-vous le futur à court, moyen et
long terme ? Risque-t-on une disparition du livre ?
Je crois que le
livre ne disparaîtra pas. C’est ce que je souhaite, du moins ! La
technologie qui sert à mémoriser et consulter les données est trop fragile pour
lui confier toute notre mémoire culturelle collective. Grâce au papier, nous
avons aujourd’hui des textes qui ont traversé les millénaires. Par contre, il y
a quelques jours, j’ai essayé d’ouvrir des fichiers sur un CD d’une dizaine
d’années et ils étaient illisibles ! Sans parler des problèmes techniques.
Une tablette sans batterie peut contenir plusieurs textes auxquels on ne peut
pas accéder. Je me demande aussi quel est l’impact écologique de la production
et du recyclage de tous ces dispositifs qui se détériorent si vite.
Avec quel auteur rêvez-vous de travailler ?
Mon rêve est de
collaborer avec Aardman Studio. J’adore leurs personnages animés en stop motion
et leur humour.
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Je peux le faire © Paramecio - Kite/Passepartout |
Des projets futurs ?
On est en train
de développer une applications pour le Children’s Book Fair de Bologne. On a aussi
reçu de Kite deux textes très poétiques et très différents l’un de
l’autre. Le premier est très
minimaliste et le deuxième très matérialiste. Je dirais même humide ! On
parle de produits qui n’ont pas été conçus pour la tablette, mais on va essayer
d’aller au-delà de la simple adaptation. Nous ne voulons pas juste transformer
un livre en application.
Pourriez-vous choisir une de vos applications et
l’analyser ?
Je voudrais
parler de « La musique de Bufo », la première application que
nous avons réalisée sous commande de Kite edizioni. La démarche a été très
importante. Comme je le disais tout à l’heure, nous ne voulions pas juste
adapter un livre. Nous avons essayé de voir vivre les illustrations de Roberta
Zeta en travaillant surtout sur l’aspect du son, totalement absent dans le
livre. Nous avons créé les atmosphères de l’étang, de la nuit pleine d’étoiles,
en recherchant les sons de la nature. Vu que la musique est très importante
dans le récit, nous en avons fait quasiment un personnage qui partage les
moments de tristesse et de joie de Bufo. Dans certains cas, les animations sont
liées à la narration ; dans d’autres, il s’agit plutôt de petites
surprises qui sont découvertes au hasard. Car il n’y a pas de bons ou de
mauvais gestes. La seule chose qui compte, c’est de vouloir s’amuser et de faire
des expériences.
_______
* Valentina Mai,
directeur artistique de Kite/Passepartout, décrit ainsi l’engagement de la
maison d’édition dans le marché des applications :
« Nous aimons
l’aventure et nous croyons qu’il est nécessaire de s’ouvrir aux nouveautés pour
grandir. Il faut le faire car l’idée de pouvoir atteindre les lecteurs partout
dans le monde nous fascine. Nous ne savons pas encore si nous pourrons en faire
plus, mais nous continuerons certainement à en produire. L’objectif est de
trouver le temps de développer une idée qui naisse déjà pour ce medium, qui ne
soit donc pas l’adaptation d’un livre qui existe… On verra ! ».
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© Paramecio - Kite/Passepartout |
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© Paramecio - Kite/Passepartout |